mercredi 8 juillet 2009

Bad news not from the stars

Voici l'histoire d'une folle journée qui devait être la page tournée entre le sud et le nord dans le livre de notre aventure américaine.
Tout commence par une visite chez la police de proximité, qui nous détourne vers la police touristique qui nous détourne chez la police de l'immigration qui nous détourne au bureau de l'immigration de l'aéroport... Compter au moins une demi-heure de trajet entre chaque bureau, à pied, en bus, en taxi ou en tramway. Et tout cela pour une petite carte d'immigration perdue, un petit bout de papier qui ne compte pas, comme nous l'apprenons dans le dernier bureau que nous visitons. Admirez la coordination du corps policier. Certains ne savait même pas de quoi nous parlions...
Cette épopée nous a pris la matinée et a bien entamé l'après-midi.

Le soir, à 20h, nous partons pour l'aéroport. Nous sommes excités à l'idée de découvrir ce pays que l'on connait tant par les médias, mais sur lequel on ne met aucune images en 3D, aucunes odeurs.

On saucissonne nos sacs à dos de célophane, on passe le checking, le contrôle anti-terroriste un fois, deux fois. Un policier nous pose un tampon de sortie et nous voici enfin dans la salle d'embarquement. Elle se remplit doucement d'un échantillon de la population américaine, déjà là, c'est un spectacle inconnu. On a l'impression que chacune de ces têtes peut occuper son propre rôle dans une série, dans un film, dans un documentaire, dans une cérémonie...
Nous sortons les échecs, attendant patiemment l'heure de l'embarquement à minuit.

A 23h30, le nom de Cécile Labonne est prononcé avec un accent espagnol dans les micros de la salle d'attente. "Oui? C'est moi. J'ai gagné quelque chose?"
"Il y a un problème avec votre passeport mademoiselle". Mon passeport est un passeport d'urgence, fait par l'ambassade de France au Chili, valable un an et la dame qui s'était occupée de mon cas m'avait certifié que je pouvais entrer aux States avec. Autant dire que je peux prétendre entrer n'importe où. "Oui? Un problème?"

Depuis le premier juillet, c'est à dire depuis 6 jours, ce type de passeport n'est plus valide pour entrer dans ce pays forteresse... C'est une blague? Non, ce n'est pas une blague, c'est on ne peut plus sérieux. "Qui va rembourser les billets d'avion? Pourquoi ne pas avoir envoyé une note d'information aux voyageurs?" On cherche le coupable.
Delta Airlines pretend que nous devions nous tenir informé, nous rétorquons que se tenir informer avant l'achat du billet oui, mais a posteriori, ils auraient du nous prévenir d'une telle mesure. D'autant que même si nous avions été au courant, obtenir un visa prend au moins une semaine, cela n'aurait pas suffit. Rien a faire. Il nous conduisent quasiment manu militari devant nos sacs qui ont fait un aller-retour dans la soute d'un avion dont nous ne verrons meme pas la couleur.
Nous sommes complètement abattus, pensons a la fete que nous devions faire avec nos copains retrouvés et que nous ne ferons pas, pensons à notre budget qui va prendre un sacré coup...

Le lendemain et le jour d'après commence le marathon des institutions... Ambassade de France ou une dame très compétente -assez rare pour être noté- nous oriente vers l'ambassade des USA.
Là, on nous donne la liste des pièces à fournir pour l'obtention d'un visa.

Chez les francais, on nous a répondu via l'interphone que "On ne rentre pas comme ca ici, C'est pas un moulin!" puis les portes se sont ouvertes sur un petit jardin, ambiance maison de campagne.
Chez les ricains, c'est Fort Knox. Un renseignement téléphonique de 8 minutes coute 12 dollars. L'esplanade est truffée de caméras et on ne pénètre dans l'antre qu'une fois le dossier valide.

Chez Delta Airlines on nous fait payer 480 euros pour frais d'annulation et rachat de billet. Chacun. La blague... Et il ne reste que quelques place le 10 ou le 11. On ne sais pas si notre visa sera prêt a temps, sinon nous devrons racheter un billet full price dans une autre compagnie... Du point du vue des assurances, c'est mort : "Ah non! Désolé, nous ne couvrons pas les problèmes liés aux billets d'avion".

Puis re le bureau d'immigration pour annuler notre tampon de sortie. Non, il faut que vous alliez a l'aéroport. C'est une blague? Non. A l'aéroport, le policier habilité a poser un coup de tampon n'est pas la, revenez demain... Elle est bien bonne.

Puis c'est le tour de la banque, pour acheter le timbre fiscal. Il est 16h40, revenez demain avant 16h30. C'est une blague? Un ange passe et apporte la bonne nouvelle, madame la banquiere consent a enfreindre son règlement pour nous.

Nous remplissons les formulaires sur internet. Dans le premier bureau, pas assez de débit. Dans le deuxième, pas la configuration adéquate. Dans le troisieme pas d'imprimante. Dans l'un d'eux je dois faire le descriptif de mes études, confesser mes penchants pour le mal (meurtres, armes, SM...)...

La journée finie, nous décidons que nous n'avons pas volé notre ch'tit canon de rouge.

Le lendemain, aéroport et cette fois, le monsieur-au-tampon est là.
A l'ambassade, on se rend compte que l'on a oublié la photo. On va faire la photo. Puis on se rend compte que le code barre du formulaire est mal imprimé, on va refaire une impression, et enfin, Cécile pénètre dans le coffre fort.
Elle y reste 2h, voit trois fonctionnaires diffèrents, se désinfecte les mains, donne l'empreinte de ses dix doigts et fait du gringue pour obtenir un délai, incorruptible ces fat boys.

Voila en substance notre périple urbain de ces dernières 48 heures.
Si nous sommes entrés à ce point dans les détails de cette croisade pour les States, c'est pour que vous compreniez bien la nécessité de croiser les doigts pour nous...

Merci d'avoir partager notre mésaventure,

Au revoir et a bientôt.

dimanche 5 juillet 2009

Les vacances en voyage

A peine passée la frontière Pérou-Equateur, deux comptes à rebours se sont mis en marche : celui de la fin de notre exploration de l'Amerique du Sud et celui de notre retour dans une civilisation incluant la machine à laver dans le trousseau de jeune mariée.
La terre d'Equateur présente grosso modo deux versants se divisant le long d'une épine dorsale montagneuse, le début de la Cordillère et pour nous qui venons du sud, sa fin, la fin de la vague sur laquelle nous surfions depuis Ushuaïa.
A l'est, on trouve l'océan Pacifique, à l'ouest, la forêt équatoriale. Nous avons du mal à décider sur quel versant nous voulons nous pencher, le chrono étant en marche, nous devons rapidement choisir mais en aucuns cas nous voulons tout faire au risque de ne rien voir.

Comme ni l'est ni l'ouest ne fait pencher la balance, nous décidons de rester dans les Terres du Milieu, là-haut sur la montagne et de dépenser nos sous sur le marché artisanal d'Otavalo. La bourgade est assez froide aux premiers abords, mais s'avère être le terrain de jeux de trois jours de bacanale nationalement réputées en l'honneur du solstice d'été.


Attention! Rien à voir avec la kermesse du village où Dédé fini tout bourré et décroche une chataigne bien plantée à Jacki en repartant dans une 205 tunnée, non! Ici on boit discrètement mais sûrement. Du jus de mûre chaud mais surtout d'autres boissons non indentifiées...


Imaginez une joute musicale interactive où les participants déguisés ou en costume traditionnel se rencontrent au coin des rues, sous une petite tonnelle en plastique ou à même le ciel.

Un noyau se forme, constitué de différents musiciens, quena (flûte locale), guitare, harmonium, quelques percus. Ils lancent une mélodie sur un rythme lancinant et répetitif, les fêtards viennent s'aglutiner en cercles concentriques autour d'eux, comme pour les protéger, en chantant et en dansant à petits pas.
Une autre formation vient les provoquer, en chantant plus fort ou en ammenant plus de sympathisants. C'est le plus gêné des deux qui s'en va, et ça continue toute la nuit, jusqu'au petit matin où apparaissent des corps affalés sur les trottoirs.


La journée, nous dépensons nos dollars en attendant que l'un des sommets volcaniques des environs se libère des nuages qui l'emprisonnent.


Finalement, las de mettre des pulls à la nuit tombée, nous nous décidons enfin quant à la direction de notre voyage et optons pour une chaleur sans moustiques : la plage.
Après plus de cinq mois de vadrouille portant notre maison sur le dos, transportés par des bus sans âges sur des routes défoncées, nous estimons qu'un peu de vacances nous feraient le plus grand bien. Ne vous méprenez pas, jusque là nous étions en voyage ce qui n'est pas la même chose!


Le bus qui nous mène à notre retraite est conduit pas deux chauffeurs qui imaginent leur potentiel sexuel augmenté de quelques points lorsqu'ils sont en uniforme et encore plus lorqu'ils conduisent vite. Malheureusement pour nous, il y avait quelques jolies filles dans le bus. Heureusement, il y avait aussi une maman grande gueule désireuse de garder ses enfants vivants.

Première étape à Bahia Caraquez, ville balnéaire d'où émmerge quelques bâtiments de plus de cinq étages, sur une langue de terre cernée par les eaux : d'un coté l'estuaire formé par les Riós Chone et Carrizal, de l'autre, l'océan.


Le fleuve brun clair charrie les limons qui viennent colorer l'océan aussi loin que nos yeux peuvent voir. Notre première baignade dans le Pacifique se fait donc en eaux troubles et incroyablement chaudes. Malgré les nuages blancs qui voilent le ciel il fait une chaleur à se prélasser en maillot de bain... Innocemment nous jouons sur la plage -à la marelle- en ignorant la morsure du soleil des tropiques. Le résultat ne se fait pas attendre... Des vraies écrevisses court-bouillon!


La traversée de l'estuaire dure cinq minute à peine mais nous sentons le vent de la terre se mélanger à celui du large, l'eau douce doucement devenir salée. Le transistor de notre frèle embarcation crache des rytmes cubains sur le rytme de moteur, les quelques passagers transportent des fruits inconnus, cinq minutes de pur exotisme!


Mais ce que nous cherchons n'est pas là. Nous, nous voulons de l'exotisme 24 heures sur 24, pagottes de bambou, cocktails sex on the beach, hamac et surtout eaux limpides!

Nous débarquons dans le pueblo de Crucita, une rue bitumée encadrée par des hotels et des restos et par la plage. Le soir, lorsque le soleil se couche dans la mer, la lumière aveugle le couloir qui mène à notre chambre, il fait chaud et nous commençons à collectionner un peu de sable au fond de nos sacs.

C'est le weekend et la petit station balnéaire grouille de marchands ambulants en tous genres : vendeurs de glace pilée arrosée de sirop de toutes les couleurs, noix de coco percées d'un petit trou pour la paille, lunettes, fritures... Les filles de nantis trémoussent leurs petits culs et leurs petits seins devant des coffres de voiture ouverts sur des grosses enceintes, basses à burnes. Les hommes remontent leurs t-shirts au dessus de leurs bedaines tendues, affalés dans des filets de pêche transformés en hamac ou à même le sol, les femmes papotent un bébé au sein, l'autre dans la poussette. Le farniente local est contagieux, nous sommes restés échoués sur cette plage 48h.

Mais comme nous vous l'avions dit, nous avons rendez-vous avec les baleines à Puerto Lopez et les vedettes, on ne les fait pas attendre. Puerto Lopez, même schéma d'urbanisme mais en plus grand.

Entre la route et la plage nous voyons enfin des gargottes en bambous, débits de jus de fruits -frais et exotiques cela va de soit- et des coktails dont le fameux "Sexo en la playa".

Dès le coucher du soleil, chacune d'elles veut faire entendre à la ville entière son morceau de cumbia, salsa, pop anglaise préféré et pousse le volum de leurs petits amplis à saturation. En ce moment Mickael Jackson sur fond de salsa est très en vogue.

Nos hôtes, un petit couple gentil de cinquante ans, possède un petit hôtel sur la rue stratégique mais assez loin du centre névralgique pour nous permettre de dormir aisément jusqu'à 10h, heure idéale pour le premier bain de la journée.
Les baleines... L'attraction de la ville qui ne vit que du tourisme et de la pêche. Elles sont partout, en photos et en peintures, sur les murs, dans des cadres, sur les capotes des motos-taxis...

Wiston, un mec à la moustache rasée de près nous son excursion. Il est répertorié dans le routard, nous montre le livre d'or remplit de commentaires éloquents, vante son entreprise familiale. Ok, ok Wiston, on l'achète ton tour.
Le lendemain le temps ne se lèvera pas. Nous ne partons pas avec Wiston qui nous a vendu à une autre agence, le traître! Notre embarcation semble bien frêle pour affronter le roulis incessant des vagues et de si gros mammifères.

Notre estomac s'accroche, nous nous concentrons sur l'horizon à la recherche d'un jet d'eau suspect.


Un aileron perce la surface, les bateaux de touristes se ruent dans sa direction, la baleine aime jouer à cache-cache. Parfois la curiosité l'emporte sur la passion du jeu et par une force mystérieuse elle bondit hors de l'eau dévoilant sa cuirasse semblable à l'extérieur d'une moule. C'est le saut de l'espion. Par cette manoeuvre, elle observe ses visiteurs et concentre sur elle tous les appareils photos qui, trop lents, ne captent qu'une mer anormalement agitée.

De plus près, leur souffle atteste de l'énorme présence invisible, cette masse que l'on devine juste sous la surface. A14h nous remettons le pied à terre, il nous faudra bien deux heures de repos pour faire comprendre à notre estomac que la torture est terminée.
Nous passons cinq nuits à Puerto Lopez. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas tant laissé pousser nos racines. De quoi prendre des habitudes, notamment dans les restos du coin.
Le dernier jour nous nous offrons langoustes et langoustines à la plancha. On nous présente des petites bêtes noires et translucides qui après un tour de passe-passe en cuisine reviennent rouges et roses.

La grande plage qui longe la baie peuplée de bateaux de pêches est pleine de vie, voici quelques spécimens.

Le pélican ressemble à un oiseau rescapé de la préhistoire.
Son cou replié dans ses ailes lui donne un air bourru. Son trop grand bec pointant la terre casse la courbe de son abdomen tel le Concorde à l'arrêt. Son vol n'a rien de gracieux. Il bat des ailes en faisant flap-flap comme un enfant qui cherche à s'envoler.
Mais voilà comment il pêche... Il repère sa proie, prend subitement trois mètres d'altitude et pique droit sur l'eau, son gros bec pointé en avant comme une mire. Deux mètres avant de toucher la surface il rabat ses ailes façon chandelle, déplie son cou et fend l'eau tel un poignard lancé par Ramon Zarate.
On voit sa proie passer dans la poche frippée de son bec et s'en est fini de la vie du petit poisson. Sa tête est blanche mais le reste de son corps s'arrache des nuances de gris, il est fade. Tout son charme vient de cette absence totale de prétention devant la majestuosité de sa technique de pêche.

La frégate quant à elle, aborde d'entrée de jeu un genre féminin. Elle parade seule ou en formation, toujours avec style. Elle crâne haut dans le ciel avec sa silhouette design épurée aux contours lisses et affuttés. Elle joue avec le vent et n'est pas de celles qui battent des ailes, madame plane.
Sous ses beaux attraits elle n'est pas moins l'ennemi de beaucoup car elle chaparde pour manger. Les pêcheurs qui déchargent leur cargaison paient leur tribu. Elle vole aussi les autres oiseaux. Madame ne se mouille pas. La pêche, c'est pour les autres. Elle entretient la classe d'une voleuse de salon.

Il y a aussi les vautours, noirs à la têtes rouges qui viennent manger des carcasses échouées sur la plage. Comme celle du pélican à l'aile brisée que les vagues ramenaient inéluctablement sur le sable, dans la gueule des chiens. Ils étaient trois sur le pauvre bougre qui soufflait en ouvrant son grand bec menaçant. En vain.
Des crabes de toutes tailles nichent dans des petits trous et nettoient continuellement la plage.

Parfois, un banc d'oiseaux fond en masse sur un banc de poissons qui passent à 10m de la plage. C'est un spectacle fascinant et effrayant, on ne peut s'empêcher de penser aux Oiseaux d'Hitchcock.

Nous avons retardé notre départ pour Quito de 24h que nous avons fini par rejoindre une nuit à 4h du matin.
Notre chauffeur de taxi a vécu dans tous les pays communistes de la terre et a fini par revenir dans sa terre natale. "Je suis communiste et je suis chauffeur de taxi, parce que personne ne veut de moi comme employé!" Tiens donc!
José, le gardien de notre temple babacool, nous ouvre ses portes et nous donne le lit du salon pour finir -ou commencer- notre courte nuit. L'ambiance est fidèle à elle-même : atelier bracelets brésiliens, grande cuisine toujours habitée, aux culs de casseroles noircies, aux assiettes ébréchées et à l'évier bouché.
Nos lessives sèchent sur le toit, nous nous préparons à basculer du côté obscur de l'Amérique.

Au revoir et à bientôt.
PS : Après un régime de dix jours de poissons-riz-patacones-fruits, le burger douteux que François a eu raison de ne pas finir, a eu raison de son envie de viande et de son estomac pendant quasiment 24h.
Vivement les buffalos!

mercredi 1 juillet 2009

Une petite carte postale

Nous nous sommes échoués sur les plages d'eau chaude d'Equateur. Nous prenons du bon temps avant d'entrer dans la civilsation nord-américaine.


Nous nous sustentons de poissons tout frais et de jus de fruits. La vie est très dure sous les tropiques, il faut dire qu'il fait vraiment chaud!
Nous sommes frappés de farniente.



Demain nous avons tout de même décroché un rendez-vous avec des baleines...
Au revoir et à bientôt.