mardi 7 avril 2009

Le demi-tour

Avant de nous rendre à Santiago et pour ne pas avoir à attendre au milieu de millions de personnes que les bureaux ouvrent (nous sommes vendredi), nous sommes allés passer le week-end à Tongoy. Village posé sur une petite péninsule encadré par deux baies : à l'ouest, Playa Larga grande de 14 km et au nord-ouest, Playa Chica, seulement 2km mais de sable blanc.



Le fond de l'air est frais mais il y a bien du soleil : nous avons atterri dans la dépendance aménagée d'une maison locale. L'air est humide et le soleil n'y rentre pas mais le matelas est bon. Le vieux nous a fait un prix à 5000 pesos sans nous dire qu'il n'y avait pas d'eau chaude, le salaud! Nous sommes hors-saison, le village est quasi désert. Après un bref coup d'oeil au centre ville coloré, nous fonçons vers la mer.


La brume se léve et aprés quelques déambulations dans le port de pêcheurs typique (qui pue, avec des poissons frais prêts à cuire, un Saint protecteur tout de orange vêtu et une ribanbelle de barques jaunes et rouges amarrées dans la baie), nous décidons de gôuter aux fruits de mer locaux. Une gargotte plantée dans le sable nous acceuille.


Nous nous torchons gentillement au vin blanc accompagnant ces mets délicieux et décidons de cuver sur la plage, au soleil... Et au son des canons! Hé oui! Une Zone militaire au large effectue des essais, c'est vrai que les poissons sont gros!



Aprés deux jours de retraite, le temps de revenir est arrivé. Nous prenons un bus pour Santiago et en bons économes que nous souhaitons être, nous choisissons une compagnie de bus offrant des prix imbattables. Grossière erreur! Semi-cama mon cul! Le nez dans le dossier du voisin de devant, les fesses aplaties et une barre dans le dos, nous voilà partis pour sept heures de voyage de nuit.
Imaginez la fraicheur avec laquelle nous débarquons à la capitale, il est 6 heures du mat, métro! Nous choisissons une auberge un peu au hasard et parce qu'il reste des places libres... Finalement l'hôtel n'est pas cher et très sympa, dans la quartier de Bellavista animé, coloré et branché, au pied d'une colline plantée... Cette vieille demeure victorienne refaite par un architecte au goût de bûcheron citadin sera notre oasis de paix au milieu de la cohue citadine.


Dès le premier jour nous fonçons à l'ambassade à la rencontre de notre interlocutrice, digne représentante de l'administration française : Solange D. Voici un exemple caractéristique des échanges que nous avons eu :
Cela faisait une bonne heure et demie que nous étions assis dans son bureau tentant de déméler l'embroglio de ses directives, ou comment s'y prendre pour obtenir ce passeport provisoire. Vers la fin de l'entretien, nous lui demandons :

"Quand pensez-vous que nous aurons ce passeport?"
" Là! Je vous le fais et vous partez avec aujourd'hui!"
Regards contents mais surpris...
"Ah bon! Mais nous croyions qu'il fallait attendre trois jours?"
"Ah oui! vous avez raison, il faut que vous reveniez dans trois jours!"

Stupeurs et tremblements de rire... Cette procédure à finalement été efficace, mais c'est certain, aucuns de ces fonctionnaires ne s'est un jour retrouvé sans papiers à l'étranger, avec en plus une traduction officielle de la déclaration de vol à faire. Passons. Entre ces rendez-vous administratifs nous avons fait les touristes curieux et cultivés. A commencer par le musée d'art précolombien, avec des momies vieilles de quelques 7000 ans et des traces des différentes civilisations indiennes visibles dans les ornements des poteries, pierres et statuettes tout aussi vieilles. Lorsque l'on débarque sur ce continent totalement colonisé, on ne peut vraiment pas s'empécher de penser à la barbarie avec laquelle nos civilisations occidentales ont tué hommes et cultures sous la bannière de l'évangélisation et du pouvoir.



Nous déambulons dans les quadras sans fin de cette capitale, pleines de gaz d'échapements et de tumultes urbains.




Nous découvrons la Moneda, qui fut jadis le lieu de fabrication de la monnaie puis palais présidentiel assaillit par les chars et l'armée lors du coup d'état de Pinochet en 1973. Nous assistons au changement de garde qui a lieu tous les deux jours, comme un balai digne de celui de Buckingham Palace.
Carabineros et fanfare s'adonnent à une chorégraphie militaire, un chilien venu regarder lui aussi ce "cambio de guarda" nous explique que pour attirer les foules et réjouir le peuple, la fanfare a pour habitude de jouer des morceaux célèbres et différents à chaque représentation. Nous entendons alors résonner Glenn Miller, "Brasil" et d'autres chansons ô combien insolites dans ce lieu symbolique.


Nous tuons deux heures à nous promener dans la galerie de la Moneda. Rdv branché d'art contemporain : on y trouve des vierges Marie en robe de tricot et un peu trop maquillées, des crèches over-kitch sous cloches de verre et des angelots morts-vivants...
Nous grimpons sur le cerro San Cristobal, à 400m de dénivellés, à la nuit tombante. C'est une colline qui domine tout Santiago. Au sommet, au pied d'une vierge énorme, nous prenons conscience de l'étendue de cette ville. Nous assistons alors à l'illumination progressive de la cité, une gigantesque toile d'araignée lumineuse d'où retentissent sirènes, klaxons, aboiements, un gentil brouhaha proche d'un sourd grondement. C'est un peu comme Paris vu du haut de la tour Eiffel en... dix fois plus grand et avec la cordillère des Andes en guise de banlieue lointaine.



Et comme promis, au bout de trois jours, Solange D. nous recoit une deuxième fois et nous donne LE passeport. Nous sommes bien contents! Notre demi-tour se termine enfin et nous avons l'impression de redevenir les maîtres de notre voyage.

Il est temps pour nous de reprendre la route pour la Bolivie. Après moultes réfléxions nous décidons de passer par le nord-ouest argentin. Nos billets de bus en poches nous arpentons une dernière fois les rues bruyantes et métissées de Santiago. Pablo Neruda y avait aussi une maison. Elle est à côté de la notre et pour compléter notre collection de visites des "maisons de Pablo" et aussi parce que celle de Valparaíso nous avait émue, nous décidons d'aller la voir... Mouais! Rien ne vaut la première fois! Pas la faute de Pablo qui a fait une maison pleines de cachettes et d'anecdotes, mais plutôt celle de la guide qui, on le voyait bien, n'avait que sa future soirée en tête...
Bref, nous nous sommes quand même bien amusés dans cette capitale, c'est vrai qu'elle n'est pas très sexy mais nous y avons mangé des Churrascos du tonnerre, galbés nos mollets par des km de trottoirs engloutis à la recherche de livres en francais et compris un peu plus l'essence de ce peuple complétement métissé et catholique.
Nous n'oublierons jamais Solange D. ni les gens qui chantaient faux jusqu'à 4h du mat dans le karaoké derrière l'auberge...


Sur la route qui mène à Mendoza, Argentine, la pleine lune illumine d'une lumière blafarde la cordillère. Nous arrivons à peine à nous endormir quand à 1h du mat nous passons la frontière, c'est bon! Le passeport fonctionne (on avait des doutes...)!
Nous arrivons le vendredi de Pâques à 5h du mat dans cette autre grande ville et après avoir pris un ticket de bus pour Salta en Coche Cama (on vous le rappelle c'est le luxe du bus) nous continuons dans la luxure avec une chambre à baignoire, idéale pour faire une grande lessive!



Nous nous sommes bien reposés mais il faut dire que c'est difficile de faire autre chose compte tenu de la chaleur étouffante. Sur notre route vers la frontière bolivienne, nous nous arrêtons à Salta la linda, une des plus belles villes d'Argentine.
Notre objectif étant de rejoindre la Bolivie le plus rapidement possible, nous ne prenons pas le temps de nous attarder dans cette région, qui pourtant vaudrait le détour...

Au revoir et bientôt.

5 commentaires:

  1. A part Solange D. , comment sont les chiliennes ?

    Nous avons vibré avec vous au passage de la frontière...

    Et les chiliens ?

    Viva Bolivia ! et merci pour ce carnet de route.

    Le Huret

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  2. maman et papa ont dit13 avril 2009 à 11:13

    solange mon ange...quelle culture belle prose les
    petits plats sympas épicés???c'est bon pour le moral.
    et maintenant autre chose r d v a Sucre Simon Bolivar n'a qu'a bien se tenir
    bisous mampap

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  3. ha.... un petit bout de carton papier officiel et ca sent la liberte non??????

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  4. Hey Bellavista ca veut pas dire Belleville ? :D
    Après tout c'est pareil non?
    "animé, coloré et branché, au pied d'une colline plantée..." ^^

    Content que tu ai récupéré un passeport.

    Enjoy ;)

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  5. Attention à la Bolivie!!!
    Y'a de la poudre blanche qui vole....
    nouche

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