vendredi 1 mai 2009

Potosí, Sucre, Cochabamba

Depuis que nous avons quitté Asne à Potosí, nous avons croisé une bande de français à Sucre, puis une autre de vélocyclistes à Cochabamba. Tous les voyageurs que nous rencontrons partent pour une durée en générale supérieure à 6 mois. Nous échangeons quelques bouquins, nos histoires, quelques parties d'échecs, quelques balades et quelques bières. Et puis chacun repart de son côté comme il était venu. C'est intense et léger à la fois, c'est un monde à part du pays qui nous héberge.
A Potosí, nous sommes allés voir Appaloosa, un western. Nous sommes entrés dans l'énorme salle de ciméma en blousons et nous avons tout de suite enfilé nos bonnets. Notre film est arrivé sans transition après la fin du précédent. Nous avons vu Viggo Mortensen triompher sous un soleil du Far West alors que nous étions emmitoufflés comme des esquimaux.

A Sucre nous avons mangé du chocolat et des superbes pizzas sur la place coloniale, digne d'une cité andalouse.




Nous avons vu un cèdre de 1500 ans et assisté à la répétition générale du défilé de majorettes et de jeunes éphèbes, en prévision de la célébration du bicentenaire de la révolution bolivienne. Les fleurs de la jeunesse locale font tourner leurs jupes de 20 cm de long au dessus de leurs culottes, faisant balancer leurs longues nattes lestées de
perles au rythme de la fanfare. Les nouveaux mâles, grelots aux pieds, pantalons et épaulettes bouffantes dansent à la mode indienne en poussant des cris sauvages, on attend avec impatience une procréation en direct, mais tout cela reste bien sage, hélas...


Le dimanche, c'est marché à Tarabuco, 1h30 de route s
uperbe. Sur la place principale, un inca éclaboussé de sang, yeux révulsés et sourire carnassier tient dans une main un poignard et dans l'autre le coeur palpitant du soldat espagnol qui gît à ses pieds, haletant, avec un trou sanglant à la place du coeur. Le tout en couleurs criardes et en résine, deux fois plus grand que la réalité, il y a de quoi ne pas la ramener. On y trouve beaucoup de tout mais ce qui nous intéresse, ce sont les tisserands. On marchande deux couvertures tissées et bien lourdes et quelques autres babioles.


De Sucre à Cochabamba, 14h de bus cama by night. La lune laisse parfois entrevoir la piste de terre se découpant sur le flanc d'une montagne... Au petit matin, nous déjeunons attablés sur le trottoir avec Maxime, une tasse de café au lait épaisse et un enorme empenadas souffé au fromage.



Nous avons traversé ces trois villes aux décors vraiment différents, mais l'ambiance foisonnante est sensiblement la même. Voici quelques petites visions quotidiennes.


L'almuerzo est le repas du midi vraiment pas cher, souvent constitué d'une bonne soupe -au quinoa par exemple- d'un plat accompagné de pommes de terres et de riz et d'une bonne jelly colorée en dessert.
Des petits boulots courrent les rues, les cireurs par exemple. Du professionnel au gamin trimbalant tabouret et malette en bois, ils insistent pour faire briller les chaussures poussiéreuses de François mais décidemment, même si c'est d'usage ici, nous ne pouvons pas nous résoudre à nous faire cirer les pompes.
Il y a aussi les loueurs de pèse-personne. Des femmes assises devant une brouette découpent le coeur de cannes à sucre et en font des batonnets prêts à l'emploi. Des petits charriots remplis d'oranges et de pamplemousses, une machine à peler et une autre à presser, distribuent pour 2bol. 50 (40 centimes d'euros) un verre de vitaminesC.


Et bien sûr, vente de bonbons à l'unité, chansonnettes, cacahuètes, mouchoirs et rose
s rouges sont proposés partout. Des femmes transportent des énormes récipients de pop-corn emballés dans leurs carrés de tissus multicolores transformés en baluchons. Sur tous les trottoirs, marchands de lunettes, de pain, de graines à picorer, de haricots blancs.



Des palettes entière de Coca-cola et de Fanta se supeposent devant les débits de boisssons. Et quand la nuit tombe, des femmes, avec des enfants sur leurs genoux ou jouant dans les caniveaux, sniffent des pots de colle transparents.





A Cochabamba, autour de la place du marché s'étend des enfilades de rues étriquées où des petites femmes aux chapeaux de pailles étendent leur camelote made in china. Des échoppes aussi grandes qu'une armoire normande proposent des strings en dentelle de nylon, des films pornos ou des ponchos pour enfants.


Dans l'allée de la comida, ça sent la friture. De patates bien sûr mais aussi de poulets, de tripes, d'empenadas au fromage que l'on mangent sur des tables et bancs en bois bringuebalants, entre trois grosses marmites de soupe du jour et une bâche tendue sur le ciel, sur un air lointain de reaggaeton. Des bacs en polystyrènes posés sur des charriots en plein soleil sortent des boules de glaces au chocolat. Les enfants sont collés sur le dos de leurs mères par ce carré de tissu traditionnel, une petite boule brune à peine visible. Certains s'endorment sur une couverture posée à même le sol ou dans une cagette.


Au café-Paris on sert un expresso, décliné en plusieurs versions, en écoutant Gainsbourg. La lumière perçante de l'extérieur n'atteind pas les tables du fond et change l'entrée en un carré éblouissant. Des femmes apprettées dégustent un iceberg de chantilly sur une flaque de café et une fillette de quatre ans vient murmurer une chanson pour 1 bol.



Le premier Mai, une poignée de militants agitent drapeaux rouges, drapeaux noirs et drapeaux indigènes et scandent des "pas contents" locaux. Et tout ce monde de 200 000 habitants vit sous l'ombre du Cristo de la Concordia (33m de haut, plus haut que celui de Rio de Janeiro) ; un Jésus en ciment blanc ouvrant ses bras vers ces collines plantées de baraques, faisant planer l'ombre de la rédemption.





Demain nous nous exilons dans la fraicheur et la solitude de l'Altiplano, loin de ces turpitudes urbaines, dans le parc national de Sajama.



Au revoir, et à bientôt...

PS : Voici un nouvel épisode des aventures de Cécile et ses poils.
En Bolivie les salons de beauté ne courrent pas les rues et ce sont en général, les coiffeurs qui font double emploi. Après négociations avec une débutante, je m'installe entre une étagère de produits capillaires et un parc à bébé, sur un fauteuil à shampoing. Je pose ma jambe poilue sur ses genoux et elle m'applique 5cm carré d'une cire brûlante et craquante... Elle me crame la couenne, cette morue! Je dis "on va arrêter là, hein?!" Depuis, une belle cloque rouge orne mon tibia poilu!

9 commentaires:

  1. maman et papa ont dit2 mai 2009 à 00:19

    altiplano sajama cochabamba almuerzo tarabuco
    potosi bol ...nous pouvons vous suivre désormais
    sans problèmes en bolivia .des couleurs on a presque les odeurs la musique l'ambiance tout y
    est ;twofortrip est notre meilleure chaine de voyage.
    gros bisous de mampap

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  2. encore une belle histoire illustrée!!!!! c super on est fan !! par contre je crois qu'il faut que tu te fasses une raison Cécile plus de cire! laisse pousser c'est pas grave!lol!
    des gros bisous a tous les deux!
    paupau

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  3. je suis heureuse de partager votre voyage...j'ai fait le voyage avec vous bisous profitez bien profirez bien mamie

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  4. yety? grizzli???houlalalaa quelle mutation.. autrement odeur saveur tout y est continuer on aime ces commentaires

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  5. mais y-a-t-il encore des poils sur la cloque?
    Gros bisous.
    Milou

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  6. Coloré, vivant et quel lyrisme !
    On est vraiment avec vous !
    Mon seul repère : la colle... cocoïnomane...
    Merci pour toutes ces images, on va aller voir sur Google earth si on vous aperçoit sur l'altiplano.
    Deux cagettes de bises
    Le Huret

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  7. Eh behh ! Je crois que ce que je préfère c'est l'épisode "épilatoire"... bon, d'accord, ya 2, 3 autres truc qui donnent envie... BON, D'ACCORD TOUT DONNE ENVIE !!! rhahhhh ! C'est bo c'est magnifique, encore des images comme ça et je vous rejoins...heu... Ok, j'dis des conneries, c'est la fin d'une rude journée de boulot derrière un p.. d'ordinateur, vous comprendrez que quand vous racontez ces grands espaces magiques, ces odeurs et ces couleurs, je sois transportée vers des sphères jubilatoires exhorbitantes et pourtant agréables au possible... pas mal hein ?
    Je vous bise très fort les amigos, que lo aproveche al maximo ! Os quiero mucho !
    Jenny

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  8. L'adresse de votre blog vient juste de nous arriver à Nice. Tout est plus lent dans notre Sud! Bravo pour vos textes et images qui nous rappellent que la vérité est ailleurs! Si vous passez à Ica, ne manquez pas d' aller faire chanter les dunes de l'oasis de Huancachina,et de vous faire révéler l'origine du monde par les pierres du professeur Cabrera!
    Milbiz et bon voyage!
    François.

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  9. coucou les Loulous voyageurs,
    La Tardé Family pense bien fort à vos, sachez que l'on vous suit pas à pas...et vous nous faîtes bien rêver:) Alors continuez, j'espère que vous avez toujours la patate, et que votre aventure est chaque jour différente et inoubliable...Vous en aurez des choses à nous dire à Bordeaux...il faudra rattraper le temps perdu...VOUS NOUS MANQUEZ ! je vous laisse c'est l'appel du téton pour mon pti Maël, sur ce à très vite je vous envoie un mail ;-) avec des photos tout plein! Gros bécots à vous deux les Amoureux, ENJOY!!!! Sofy et CIe

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