Le temps est gris gris et très humide. Nous avons traversé un grand pont avant d'entrer dans le vif du sujet, au-dessus d'une eau plus grise que le ciel, quelques barques flottaient, semblant trop chétives pour ce bras de mer.
Dans le bus, est passé RockyI, RockyII, le début de RockyIII et de RockyIV, pleins de collégiens et de collégiennes.
Avant de commencer le voyage, nous avons du donner nos empreintes digitales et faire un sourire à la caméra tenue par un flic équipement Robocop. Plan anti-détournement de bus.
Le terminus s'est avéré être un énorme centre commercial de trois étages où les enseignes mondiales de bouffe se sont fait un énorme coin fast-food. Ca pue le graillon de Burger King, Pizza Hut, KFC, McDo, Texas Chicken... A tel point que nous nous demandions si nous n'étions pas déjà aux States. Vanessa Paradis chante Joe le Taxi dans les centaines de baffles du centre commercial... Nous sommes complètement déboussolés par cette arrivée.
Nous prenons un taxi qui nous emmène devant un hôtel. Les taxis officiels sont jaunes, toutes les autres voitures de la ville -ou presque- sont des "pirates de la route".
Un garde armé d'un fusil à pompe surveille l'entrée. On paie d'avance ici. Les pales d'un ventilateurs brassent l'air chaud de notre chambre sans fenêtres. Nous sortons chasser de la nourriture du troisième millénaire.
Il pleut des gouttes de condensation des climatiseurs sur les trottoirs. Chaque magasin de HiFi, chaque hôtel et Cyber, chaque resto plante un garde armé devant sa porte. On a droit à toute la gamme des fusils à pompes, du chromé à l'option bazooka. Toute cette partie de la ville est sous vidéo-surveillance.
Les robinets des toilettes sont soudés aux murs, les épicières rendent la monnaie à travers des grilles en fer. Il parait que c'était la ville la plus dangereuse d'Amérique Latine. Il y a encore dix ans, un gringo ne pouvait pas se promener dans le centre historique sans y risquer d'y perdre sa vie, ou du moins une partie.
Vous croyez que nous sommes venus là par amour du risque? Mais non, nous ne sommes ni Jonathan, ni Jennifer, rapellez-vous, nous n'avions toujours pas de guide avant de franchir la frontière. Aussi, lorsque la femme de l'agence de bus péruvienne nous a demandé "Guayaquil?" nous avons jeté un oeil sur une carte. Nous avons vu une ville portuaire, à la consonnance joyeuse, au bout d'un bras d'océan... Vamos a Guayaquil!
Depuis dix ans, la ville se rachète doucement une réputation. Les keufs gagnent du terrain sur les caïds et patrouillent la vieille ville à faire bondir dans la rue des hordes de français.
Passé 19h, seules les enseignes citées plus haut restent ouvertes. Ce sont en fait des restos de luxe.
Les filles sont habillées en débardeurs trop échancrés remontant au-dessus du nombril. Soit boudins soucissonnés, soit méga bombe, mais c'est plus rare, ici on trouve plus des fusils à pompe.
Aux coins des rues hautes commes les buildings de verre, on croise des restes de colonisation qui ne rivalisent pas de taille mais au moins crééent la surprise.
Toutes les rues sont bordées d'arcades en ciments à la peinture salie.
Cette ville agit sur la population comme un rêve américain, son pouvoir d'attraction dégage autant de répulsion. Pourquoi tant de gens viennent s'échouer ici? On imagine des chercheurs d'or modernes, venant se mesurer à la violence de la jungle urbaine. Et pourtant on y croise plus de regards blasés que de regards exaltés.
Malecòn 2000, une promenade longeant les quais, un projet de réhabilitation du centre-ville et la fierté des dépliants touristiques.
En bon élèves que nous sommes, nous y faisons un tour. Le club de la mal-bouffe s'est donné rencard tous les 500 métres. La zone promenade est cernée de grillages et les entrées sont surveillées. Nous admettons que c'est sympatique pour prendre l'aire du large mais cela manque cruellement du charme décadent qui se dégage du reste de la ville!
Il n'y a pas de type équatorien, les gens sont issus d'un brassage ethnique venant des quatres coins du monde. On revoit des peaux noires, ça faisait longtemps.
Dans les marchés -il y en a quand même- les contre-façons envahissent les vitrines, à tel point que l'on se demande si Ralph Lauren ne se fait pas une commission sur les ventes de polo. Pas de risque de mauvaise image de marque et un nouveau créneau : "le polo pour les pauvres-riches".
Nous devions partir au bout de 24 heures. Finalement nous avons prolongé de 24 heures.
Dans le terminal gigantesque, le hasard de la bande musicale fait que Vanessa vient nous dire au revoir.
Dans le bus qui nous mène à Quito -la vraie capitale- Rocky is back. Quito, c'est une autre histoire... Un peu moins funky.
Sachez que nous avons enfin dégoté un guide dans une auberge qui ressemble à une colocation d'étudiants erasmus, adeptes du macramé, dans un décor de ryad marocain à l'abandon. On s'y fait.
La ville se délimite nettement en deux gros quartiers, le Centro Historico, où nous avons élu domicile, et Mariscal, centre économique et politique de Quito.
Le Centro Historico est de loin le quartier le plus agréable... Mais le plus dangereux quand vient la nuit. Ici aussi c'est Robocop'land. On y trouve toute l'architecture coloniale, les rue pavées, les églises.
Nous sommes montés en haut d'un des clochers de la basilique.
Le chemin passe au-dessus de la nef puisse termine en escaliers pendus dans le vide. Nous ne savons pas comment ce tour de passe-passe peut être possible, mais le vertige de Cécile est passer dans le corps de François.
Arrivés dans la tour, un orage a éclaté et nous nous sommes retrouvés sous les flashs du ciel, increìble! Espectacular!
Dans le musée d'art contemporain, très beau bâtiment rénové, il n'y a pas d'art contemporain. Les murs et les galeries sont tristement vides.
Nous sommes tombés sur une rétrospective de la révolution française mis en parallèle avec la révolution quiténienne, les gravures tout droit venues du Louvre nous font revoir nos classiques.
Mariscal est très urbanisé, bouillonnant d'ambition. On y trouve les restos et cafés à la mode, beaucoup d'enseignes étrangères, des bureaux, tout ce qu'on aime quoi! Gringoland!
Aujourd'hui nous prenons la direction d'Otavalo, petit village au nord, afin d'y célèbrer la Saint Jean et l'anniversaire de Cécile.
Nous repasserons à Quito pour prendre l'avion, mais il nous reste quinze jours pour rayonner en Equateur et espérer découvrir un peu de cuisine locale...
Au revoir et à bientôt.





























Sous la chaleur nous découvrons nos mollets et bras... La terrible erreur! Les moscas (petits moustiques voraces, attaquant en nombre avec la méthode flash-éclair) nous dévorent en 5 minutes nous laissant des boutons que nous gratterons pendant 5 jours. 






Derrière les versants de notre vallée, nous devinons la présence de pics enneigés assurant la réputation de cette "Cordillère Blanche". Mais pour l'instant, rien n'est blanc, tout ce qui nous entoure est sec et rocailleux.
Une portion du chemin nous mène à un mirador d'où l'on peut admirer le joyau du massif : l'Alpamayo.
Ils ne disaient pas non plus que le diamant était certi avec plein d'autres pierres... Aussi, au détour du sentier et alors que nous maugerions contre la photo d'illustration, s'est dressé devant nous l'Artesonraju avec des pics crevant les nuages et des glaciers en équilibre.
Nous campons devant sa majesté qui nous fait l'honneur du spectacle d'une avalanche dégringolant le sommet de 6000m. La Pachamama poursuit sa malédiction et fait tomber la pluie toute la nuit. 

Le lendemain nous attend l'étape la plus dure, 15km et un col de 4750m à passer. Nous nous levons dans le froid, un peu en retard, gris comme le temps.



Nous découvrons une lagune couleur menthe glaciale abreuvée par les eaux du glacier. Les pics aiguisés comme des lames, pointus comme des couteaux, jouent à cache-cache avec le soleil...



De l'autre coté, il fait gris, nous n'essayons même pas de souffler sur les nuages en invoquant la Pachamama. Le chemin de la descente est intransigeant avec les chevilles, nous arrivons extenués au camp, 1500m plus bas. Cassés mais contents.
Enfin, nous avons entraperçu quelques sommets célèbrements pointus et entrevu un peu de la beauté majustueuse et inconnue de cette partie de la Cordillère. Il fallait mériter le spectacle et se hisser humblement aux pieds de ces géants de 6000m, à 4800m.






Nous traversons une ville, Chimbote. Pauvre ville! Elle est moche, elle pue, on n'a qu'une seule envie une fois arrivés : en repartir.
Dans une grande cour pavée de galets se découpent des carrés de terre où s'épanouissent des cactus et des fleurs fushias. Dans un coin, sous un auvent soutenu par de fines poutres en bois blanc, trône une télé branchée sur une rallonge qui se balance le long d'un mur autrefois ocre.
Un cocker monte la garde sur un fauteuil, préférant à ceux en rotins celui en cuir élimé. Deux enceintes énormes crachent en stéréo du Glenn Miller et d'autres tubes nord-américains des années cinquantes.
Nous prenons le temps.