mercredi 20 mai 2009

Inca Kola, Colca et Juanita Banana

Du Chili, nous avons définitivement rejoins le Pérou à Tacna dans le bus qui nous mène à Arequipa. C'est là que nous avons ressenti le peuple péruvien. Impossible de ne pas comparer avec la Bolivie : les faciès, les costumes et les couleurs sont très proches. Mais le caractère est plus tranchant, plus affirmé. La vie est moins dure dans ce pays et les gens ont l'air moins complexé d'exister. Dans ce bus qui ne démarrera pas assez vite, on entend des "vamos" et des pieds qui tapent le sol en signe de mécontentement.


Quand les douaniers viennent confisquer quelques colis suspects les insultes "mono" (singe), "hijo de puta" (fils de p...), fusent dans le murmure de la foule, tout cela dans une bonne humeur contagieuse. Nous sommes entrés au Pérou non sans difficultés... Il est pourtant bien précisé sur tous les murs des postes de douanes que les fruits sont interdits... Il y avait juste deux pommes et deux bananes dans notre sac à bouffe... Quelle surprise lorsque, après être passé aux rayons X, le douanier nous demande fermement d'ouvrir notre sac... Hoooo, des fruits! Bah ça alors, c'est pas à nous! Heureusement, il avait l'air plus sévère qu'il ne l'était vraiment. Il nous a laissé passer sans amendes et sans les fruits bien sûr! Nous arrivons à notre destination pendant la nuit. Dans le taxi qui nous emmène à l'hôtel, on entrevoit sous la lumière jaunes des réverbères la beauté de la ville : une place des Armes entourée d'arcades, des petites cours aux colonnes de pierre brodées, des façades sculptées...


Tout cela est bien espagnol. Et pour enfoncer le clou, nous assistons à un spectacle de Flamenco -en loge svp- dans le théâtre local. Cette journée fut une très bonne entrée en matière péruvienne. Au petit matin, nous découvrons cette architecture coloniale faite de pierres de lave blanches et de rues pavées. C'est une ville riche, dynamique et touristique, pleine de charme. Le volcan Misti qui du haut de ses 6000m domine la ville, nous rappelle que nous somme toujours sur la colonne vertébrale de l'Amérique latine. En Aymara, Arequipa signifie "l'endroit derrière la montagne pointue". Hugh.



Nous nous sommes laissés aller au rythme de cette ville pendant trois jours. Nous nous sommes occupés à quelques visites, à tester la gastronomie locale et à préparer notre expédition dans le canyon de la Colca.
Le monastère Santa Catalina est un village dans la ville, protégé par ses murs d'enceintes.




Nous avons fait un voyage dans le temps, imaginant les nonnes bourgeoises assistées de leurs servantes, se comptant fleurette au pied de la fontaine ou au coin d'un four... François a beaucoup de mal à imaginer cette virginité à toutes épreuves... (Vive les carottes... rapées!)

Nous avons déambulé dans ces petites rues pavées, découvrant chaque cellule de luxe avec curiosité. Vraiment nous avons aimé. Quotidiennement, nous rendons visite à Nancy, dans le marché couvert qui grouille de tout.


Nancy fait des jus de fruits frais comme partout mais comme personne. Nous testons lait-fraise, mangue, papaye arequipeña (un fruit gros comme une citrouille), melon, fruit de la passion... Elle nous tend un verre planté d'une paille que l'on termine en faisant des grands "slurp!" et elle nous sert à nouveau... Un régal! Question cullinaire, nous avons testé le Ceviche (poisson cru mariné dans du coriandre frais, piment, citron et oignons), le poulet rôti-frites, la truite frite sur son lit de riz, le poivron fourré de légumes aux piments, le lama, les pizzas locales (qui vont du pire au pas mal) et la boisson locale l'Inca Kola (coca jaune, au goût de chewing-gum : super... chimique!).
Soyons honnêtes, nous avons rendu visite au "Chef" de l'alliance française et mangé des crêpes au roquefort-poires, en rêvant au menu que l'on se ferait en rentrant... Et pour tout vous dire, nous avons fait du shopping : ensemble chemisette-jupette pour Cécile et polo de gringo pour François.

Sont-ce là les premiers symptômes du mal du pays?? Un petit mot sur les banques qui squattent des immeubles en pierres taillées et prennent une commission de fous furieux sous prétexte d'offrir de la sécurité... Ecoeurant. Le soir, nous regagnons notre petite chambre cubique qui surplombe le grondement citadin couvert par les klaxons des taxis.

A 180km, au nord d'Arequipa, se situe le cañon de la Colca. C'est le deuxième plus profond du monde, il s'étend sur une centaine de kilomètres avec un dénivelé de 3200m. Le canyon est planté de quelques petits villages accrochés sur ses versants vertigineux.




Où faire caca dans le canyon?


On s'y rend par des chemins escarpés empruntés par les ânes qui sèment des crottes comme le Petit Poucet semait ses cailloux. Les ânes et ces chemins sont les seules connexions avec le plateau. Les villageois vivent de la culture en terrasse qui sculptent les parois de la montagne, donnant des touches chaudes sur ces pentes rocailleuses. Nous prenons un bus et nous nous arrêtons une première fois à Chivay, porte d'entrée du Canyon.

Nous nous rendons directement à 4km de là, aux eaux thermales de La Calera, avec la ferme intention de camper sur place afin d'éprouver le climat local. Nous tombons sur un vrai complexe de sept piscines toute vidées la nuit et prêtes à l'emploi le matin. Un banc d'anglais s'est échoué dans un bassin à coups de bières et de sangria...

Nous nous ramolissons la couenne à l'eau chaude sulfureuse et passons cette première nuit à 3600m d'altitude sans encombres. Oui, nous sommes prêts pour affronter le canyon. Le lendemain, nous partons pour Cabanaconde, dernier village accessible par le bitume. Nous mangeons une pizza au goût de produit vaisselle faite par des frenchies saisonniers pseudos babas-cools qui se la pètent bien haut sans dépasser le ras du sol... Et par une belle matinée, notre réveil "Made in China" sonne 7 heures. Nous paquetons, déjeunons et attaquons, sans guide, on est des oufs malades nous!

Notre plan de route est simple, rejoindre l'autre versant du canyon à mi-hauteur de notre point de départ et revenir en faisant une boucle. Y'a qu'a suivre les crottes! Notre première étape : descendre sur plus de 1200m jusqu'à San Juan de Chucho petit hameau de 20 habitants. Nous descendons encore et encore sur des chemins à flanc de côteaux avec nos énormes sacs remplis de pulls et de provisions.

Nos genoux flagellent et nos muscles se tétanisent... c'est dur! Enfin nous touchons l'eau du fond du gouffre... Nous nous échouons sur un énorme galet sous l'ombre du soleil de midi. Rafraîchissement... Repas... Sieste... Lecture...

Nous nous reposons avant d'entamer la remontée jusqu'au hameau, petite mais costaude! Cécile a bien faillit abdiquer devant le vide. Voyez-vous même...

Nous traversons les jardin en terrasse et les mini-champs en longeant le petit glou-glou du canal d'irrigation, croisons un joli porc (non grippé?), un petit oiseau jaune et vert et quelques ânes...

Nous campons dans le jardin fleuri de la maman d'Andrea et nous nous disons que le paradis terrestre ne doit pas être bien loin.

Et par une belle matinée, notre réveil "Made in China" sonne 7 heures. Nous paquetons, déjeunons et attaquons. Nous marchons toute la matinée à travers des petits villages et des paysages incroyables bâtis sur le vide.





Nous campons à l'Oasis de Sangalle, au fond du canyon, sous le climat tropical. Là, quelques piscines d'eau vive accueillent des gringos comme nous. Nous passons la fin de journée à glander conscienceusement : construction de bateau, confection d'aligot locale, perfectionnement de l'installation du camp de base.

On refait le monde Inca en vidant quelques bières et en fumant des contrefaçons, avec le petit groupe de péruviens qui partage notre espace vert.

Et par une belle matinée, notre réveil "Made in China" ne sonne pas, nous décidons d'attaquer les 1200m de dénivellés sous le soleil de l'après-midi et finalement sous la voûte étoilée... Quelle grimpette! Grâce à deux bâtons de bambous, nous nous transformons en quadrupèdes, vraiment plus efficaces sur les pentes de plus de 45 degrés.

De lacet en lacet, on grimpe, on grimpe... Nous faisons la course avec l'ombre de l'autre versant qui monte, qui monte... Et qui finalement nous dépasse. Nous finissons notre courte épopée (car c'en est une!) à l'aveuglette en se partageant la lumière de notre frontale. La lune n'a pas fait son coming out et se cache toujours derrière les montagnes. Nous ne distinguons que la cîme crochue qui n'en finit pas de se rapprocher. La nuit nous envahit avec ses fantasmagories... Un souffle de chat sauvage se transforme en attaque possible de puma, les yeux brillants des ânes nous tiennent en arrêt avant de distinguer leurs silhouettes familières. Nous chantons à tue-tête Jean-Jacques Goldman pour faire fuir nos prédateurs imaginaires, c'est vous dire le degré d'anxieté!

Nous trouvons finalement une douche bouillante, un matelas Epeda, un bon steack frites pour François et une pizza détrempée pour Cécile.


Le lendemain, rendez-vous avec les condors à 8h00. Nous y sommes, eux aussi. Ils font un show d'un quart d'heure dans les airs, se roulent des pelles en public et s'en vont, nous aussi.

Retour à Arequipa dans l'intimité de notre cube...

Avant de partir définitivement, nous allons rendre visite à Juanita, la vierge du volcan, la pucelle sacrifiée, bref, la princesse des glaces. Il y a un musée entièrement dédié à la découverte de ce corps congelé, sacrifié aux dieux de la montagne par les Incas. Elle fut retrouvée dans le cratère d'un volcan alors qu'une éruption de cendres faisait fondre la glace qui la retenait prisonnière. Son corps date de 500 ans. On peut le voir derrière les trois cubes de verre qui le maintiennent à température... Impressionnant.

Nous sommes retournés à l'alliance française pour voir Les parapluies de Cherbourg et la pluie! Cui-cui, cul-cul, rose-bonbon et jaune-poussin mais tellement bon! Nous avons rechargé les batteries et fait les lessives, demain nous partons pour Puno et surtout pour le lac Titicaca...

Au revoir et à bientôt.

9 commentaires:

  1. nous arrivons à un stade d'une telle beauté d'un tel professionalisme que les mots nous manquent
    Nicolas Hulot en voyant le blog a dit"je suis dépassé j'arrete mon émission j'ai trouvé plus fort que moi".Le Pérou profond c'est le moins qu'on puisse dire vraiment c'est le pied on en redemande
    on devient complètement accroc on trépigne d'impatience pour le prochain épisode.
    Des gros gros bisous de mampap

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  2. OUAIS une photo de mode, notre barbie préférée toute de blanc marchant soleil couchant !! J'adore qu'elle est belle cette Cécile ! Bravo au photographe Richard !

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  3. Hervé et Lili22 mai 2009 à 12:16

    Un petit bonjour d'Hervé et Lili,nous suivons vos aventures depuis le début et votre voyage et parsemé de beaucoup de belles rencontres, vos belles photos complétent votre récit.A bientôt.

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  4. ma que..... il a change de bonnet francois...cecile a vaincu son vertige pas a dire ya du changement...... contiuer c'est magnifique les photos meme si vous n'en etes pas conscient.......je vous z'eme

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  5. diabetique cherche milou desesperement .. perdu adresse

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  6. Que d'aventures !

    Pas de risque, les enfants !

    Trouverez-vous le condor qui vous fera franchir ces vallées vertigineuses ?

    C'est super, merci pour ce feuilleton qui nous a tant manqué le we dernier !

    Le Huret

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  7. Quelles sont bèèèèèèèèèèèèlles ces fleurs!!
    de vraies perce-neiges au pays magique. :)
    Private souvenir pour cécile!

    J'aurais bien aimé être là pour vous entendre chantonner JJ Goldman tellement ça à l'air improbable!

    A bientôt pour de nouvelles avantures illustrées,
    bisous les chat-chats
    Nouche

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  8. le site de milou pour le posteur anonyme : www.emiliegalliot.com/index.html

    et des bisous à vous deux (un mail suivra demain).
    manue

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  9. emilie saderne30 juin 2009 à 12:32

    Salut François! ici Emilie Saderne de BTS...remember?
    bon il se trouve que je suis en trzin de déguster un bbq ac ta cousine Julie de Normandie, qui se trouve par ailleurs être mz voisine depuis que j'habite à Rouen.
    Voila, elle était en trzin de nous pzrler admirablement de son cousin François qui vit l'aventure...et puis sur ce magnifique et alléchant blog, je t'zi reconnu, alors c l'occasion de vous trznsmettre tous mes encouragements pour la mission que vous vous êtes fixés.
    Allez, un grand coucou en soutien. A + Emilie

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