jeudi 28 mai 2009

Pipicaca, Titicracra ou le puma gris

Commencons par un peu de géographie : le lac Titicaca est le plus haut lac navigable du monde, il est situé à 3812m d'altitude, il mesure 175km de long et couvre 8340km carrés. Titicaca ou Titikaka en aymara, signifie "Puma Gris". Prenons une carte du lac, retournons-la, une vague silhouette de puma se dessine... Et gris, parce que souvent les eaux du lac prennent cette couleur. Etonnant non?
Le lac est partagé entre le Pérou et la Bolivie, environ 60% pour le Pérou et 40% pour la Bolivie. D'ailleurs les péruviens disent "titi pour le Pérou et caca pour la Bolivie" mais rassurez vous, côté bolivien c'est la même chose, "titi pour la Bolivie et caca pour le Pérou".
Nous choisissons Puno comme port d'embarquement. C'est une ville assez grande s'étendant sur quelques collines bordant le lac, faites de baraques en briques de terre ce qui lui donne une teinte rosée lorsqu'on la regarde de loin.

De près, elle grouille de taxis-vélos, taxis-motos, taxis tout court, de citadins et de campesinos (gens de la campagne, habillés en costume traditionnel de couleurs vives).

Nous nous sommes levés trop tard pour prendre la navette reliant les îles ce qui nous permet de profiter du défilé du carnaval des écoles. Les teenages marchent aux pas et en fanfare, les bambins déguisés en téléphones portables, trains, Pachamama et yaourts, filent dans tous les sens.

L'après-midi nous flânons sur le port. Un capitaine nous brade un tour de bateau dans la baie, l'embarcation fend les lentilles d'eau et nous faisons nos premiers pas sur le lac Titicaca. On ne peut s'empêcher de penser aux leçons de géographie de notre enfance non sans une certaine émotion...



Nous mangeons une ceviche (poisson cru mariné) dans une cabane de pêcheur et rentrons en taxi-vélo. Ce n'est pas le métier de cireur-de-pompes mais quand même... Ce n'est pas si facile de se faire transporter à la sueur d'un homme, même si l'effort lui rapporte quelques sous dans la poche.

Il faut que nous signalions l'existence de Cactus, un bien étrange personnage... Cécile dit monsieur et François madame. Elle a un visage très féminin, il s'assume complètement. Lorsque Cactus rigole, Cactus se cache coquettement les dents de sa main, se tord de côté et lève ses yeux malins. Cactus parle trois langues couramment dont les deux difficiles dialectes quechuas. Cactus milite pour la culture indigène et son art du tissage, Cactus a un fils adoptif et travaille dans la tienda d'une coopérative qui se rapproche d'une caverne d'Ali-Baba de tisserands d'Amérique du Sud. Des piles de pulls et de couvertures antiques, de bonnets, de chaussettes, gants, des corbeilles de ceintures et de sacs tapissent le sol et les murs... On y trouve toutes les tenues traditionnelles de la région de Puno. C'est à Cactus que nous avons fait nos achats d'Alpaga, nous étions bien contents de la rencontrer et lui aussi!

Il y a trois îles accessibles depuis Puno, les îles flottantes Los Uros, Taquile et Amantani. C'est l'attraction du coin et une mine d'or pour les insulaires qui ne croulent pas dessous. Autant dire que les agences tombent sur les touristes comme une buse sur une souris ou plus local, comme un condor sur une charogne. Nous dégottons parmi tous ces rabatteurs celui qui offre le trajet simple sans le collier de fleurs et la visite téléguidée. Et nous voilà partis pour l'île d'Amantani, la moins touristique et la plus sauvage à 60km et 5 heures de bateau, on est loin du Speed-boat!

Le capitaine fait un détour sur une des îles flottantes... On ne peut décidément pas échapper aux "bienvenus à Galaswinda".

Nous jouons le jeu et participons à l'expansion du commerce local...

Ces îles sont faites d'une épaisse couche compacte appelée la Totora. Celle-ci mesure environ 3m d'épaisseur, constituée d'une couche de roseaux flottants et d'une base immergée formée de racines emmêlées ressemblant à de la terre. Les îles sont fixées à des poteaux d'eucalyptus pour éviter qu'elle ne dérivent. Le roseau est très important dans la vie des Uros. Il sert à fabriquer les huttes, les meubles et les barques. Les habitants boivent l'eau du lac et s'éclairent soit à la bougie soit à l'aide de panneaux solaires. Ils subsistent grâce à la pêche et bien sûr grâce au tourisme. Mais attention, la dernière île Uros authentique est morte en 1959. Depuis ce sont les indiens Aymaras qui, comprenant l'intérêt pécuniaire qu'ils pouvaient en tirer ont repris le flambeau et se font facilement passer pour des descendants d'Uros.


Nous repartons à travers la route tracée entre les roseaux, puis entre les deux presqu'îles, et enfin nous ne voyons plus rien à l'horizon. Ce lac est immense.


A Amantani, Léandro nous accueille et nous montre sa maison ou habite sa femme, Sonia et leurs deux enfants Donald et Fernando, une tante, sa fille et la grand-mère.

Ici, c'est le président de la communauté du village qui règle l'hébergement des touristes. Quasiment chaque famille a une chambre d'hôtes et attend sagement son tour pour recevoir des étrangers apportant un peu d'argent, bien sûr, mais aussi distractions, provisions (on y avait pensé), objets inconnus (gourdes) ou élevés au rang de trésor (butagaz) et surtout, des parties d'échecs et de "dessinez c'est gagné!" avec les bambins. La maison de briques en terre familiale est construite par le mari et s'organise autour d'une courette.

Pas d'électricité, pas d'eau courante et une cuisinière façonnée dans la terre chauffant à l'eucalyptus et aux crottes de quelques ovins. Léandro et Sonia sont un couple simple et très gentil, fiers de leurs vies et curieux de la notre.
Sonia fait son possible pour sortir un menu original mais avec les aliments disponibles, cela reste du domaine de l'impossible : quinoa-patates puis riz-patates-fromage frit. Le soir : soupe de nouilles-patates, riz-patates sautées. Le lendemain matin : quinoa-oeuf-tomates (wouaou!), midi : soupe de patates (une autre sorte), riz-patates-poissons frits. Ce jour-là, Léandro qui est pêcheur trois mois dans l'année avait attrapé aux aurores des petits poissons délicieux, des karachis.

Le soir de notre arrivée correspondait avec l'arrivée d'un bateau privé, c'est à dire de touristes en mal d'imagination ou en manque d'organisation. Nous avons donc eu droit à une fiesta dans la salle commune. Notre famille d'accueil devait nous déguiser en locaux et nous faire danser la carmagnole et la bourrée locale. Heureusement pour notre coeur qui bat à 4200m d'altitude, cela n'a duré qu'1h30. En plus, la ceinture de taille de 20cm d'épaisseur que portait Cécile faisait office de corset plutôt bien serré...

Le lendemain nous partons avec ce fameux almuerzo de poissons frits dans le sac explorer les deux sommets de l'île, chacun ayant son temple, un pour la Pachamama, l'autre pour la Pachatata : "Maman-Terre" et "Papa-Terre". L'entrée sur le lieu de culte est interdite sauf pour les villageois qui y pénétrent une fois par an lors d'une grande cérémonie.
Sur le chemin nous rencontrons un paysan descendant à dos d'homme 50kg de blé, un homme promenant un cochon en laisse, un joueur de flûte, plusieurs femmes aux jambes de cigognes et culs de Bécassine filant la laine, des bergers et bergères, tous très souriant et curieux de nos personnes.

Des chemins pavés de pierres plates sillonnent l'île, rejoignant entre elles les sept communautés. Ils ne sont foulés que de pieds d'hommes et de sabots d'ânes.

Nous étions dimanche et sur la place de l'île se tenait le conseil des communautés, chacun exprimant, via un représentant et dans un silence religieux, ses doléances (elles tournaient beaucoup autour de la répartition des touristes sur l'île).

Puis Léandro et Sonia sont allés faire une partie de volley et François de jouer les baby-sitters prof d'échecs.

Dans notre panier garni il y avait de la pâte de chocolat qui est avec la quinoa un héritage inca. Le soir nous ramenons du lait pour la faire fondre et en faire profiter toute la famille. Tout le monde était bien content mais il s'avère que c'est une boisson qu'ils ne prennent que le jour de noël, à minuit... C'est gênant de faire le Père noël en mai. Comme il n'y a pas d'électricité, le monde des îles tourne au rythme du soleil, à 20h tout le monde est couché.

Alors que le bateau qui nous mène à Taquile vient de sortir du petit port, le capitaine fait demi-tour : il a vu une femme qui dévalait les escaliers dans sa direction. C'est notre Sonia! Elle voulait s'assurer que nous aurions bien un bateau nous ramenant à la terre ferme le lendemain... A Taquile, ce sont d'autres costumes traditionnels, des rapports plus réservés et plus blasés avec les gringos et des hommes qui font du crochet! Les femmes filent et les hommes tricotent, tout cela en marchant avec leurs sandales de pneus, bien sûr!

Où faire caca sur Taquile?
Nous allons à la plage par un chemin de pierre. L'air est frais mais l'eau est limpide et pas si froide... Le sable est blanc... Cela fait trois jours que nous nous lavons avec un litre d'eau pour deux... Nous tombons les vêtements et nous jettons à l'eau! Shampoing en 10sec/chrono, mais nous l'avons fait : nous nous sommes baptisés aux eaux mythiques du lac Titicaca, sous la présence lointaine des montagnes blanches de Bolivie. Et certainement sous le regard d'un berger des hauteurs.

Après ces trois nuits pasées sur le lac, nous regagnons l'agitation de Puno et les produits frais.

Ces trois communautés nous ont donné l'impression d'être des tribus que le monde moderne n'atteignait pas, plus par désir de conserver leurs traditions et d'affirmer leurs identités que par obligation. Leurs productions agricoles sont pour leur consommation personnelle.

Quelques marchés hebdomadaires apportent la vitamine C et les manufactures, mais comme le disait Léandro, lorsqu'un enfant mange une pomme ou une mangue, c'est jour de fête. Il n'y a pas de travail sur l'île, leurs seules sources d'argent sont l'artisanat et l'hébergement touristique. Il n'y a même pas de pêche au large à cause du manque d'équipement. Mais voilà, les enfants qui après le lycée vont étudier ou travailler sur le continent reviennent tous dans leur pays, sain, calme et serein avec de l'argent pour construire leur maison et leur famille. Là-bas, le monde est en paix et les gens prennent soin les uns des autres, pour de vrai.

Au revoir, et à bientôt.
PS : Ami lecteur de nos aventures, ne soit pas avare de commentaires.

9 commentaires:

  1. le voilà ce fameux lac Titi Caca les rencontres
    les contacts les enfants la nourriture encore un
    documentaire complet.
    une petite fausse note nous voyons Francois presque
    nu c'est bien, mais Cécile ??? c'est pas juste.
    ce soir invités nous avons mangé fois gras gambas
    et cuisses de grenouilles mmmmmmm!!!salivez un peu
    pour digérer le riz patate
    gros bisous de mampap

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  2. hey buddy joli body, gros buzz assuré avec cette photo sans habit (il va falloir travailler ton bronzage pour boucler des contrat juteux aux states avec Vogue et Genre Magazine)! J'aimé bcp aussi la pin up sous l'arche (RAS parfaite mais plus de seins)!
    votre fashion agent
    Marie MiriamMiam

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  3. Arrrrghhhhhh!!!!!!!!!!!!!!!!!!!............
    Le Lac Titicaca...
    etape mythique!j'attendais ça avec une certain impatience.
    THE étape!
    The place où j'aurais être. bref, voilà quoi. :)
    Je suis bien contente de voir les photos et de me rendre comtpe que c'est quand même mieux que ce tu m'avait décrit avant ton départ : des villes ont poussé sur les berges et le lac n'est plus qu'une étendue d'étrons flottant à l'horizon. Heuseuse de savoir que les locaux ont souhaités maintenir un certain mode vie à l'ancienne; ça préserve le lac et ça vous a même permit de vous y laver. Bain Ôh! combien mythique.
    Bonne continuation à vous deux!
    El Nouche, en direct de son petit bureau à la capitale de la France

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  4. Waouw! vous êtes so sexy dans ces paysages! Quelle dommage de ne pas voir la magnifique, si caractéristiqique et réputée poitrine de Cécile!
    Pff à quand les vraies photos?!
    Milou qui cherche despérément une diabétique à qui elle a déjà envoyé un mail il y a quelques semaines.... c'est pourquoi je me fais de la pub sur votre blog: info@emiliegalliot.com
    Bisous les loulous!

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  5. virginie franck manon romy30 mai 2009 à 10:16

    wouah!! C'est magnifique, le pérou est peut-être une des plus belles étapes son lac,sa population, ses couleurs chattoyantes, manon et moi rêvons à ces petits bracelets fait de cordons multicolores made in Pérou(c'est un message..)pour la bouf c'est bien essayé,mais rien ne nous fait envie frank prépare la plancha pour votre retour viande à volonté!! bisous les amoureux

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  6. wouahouuuuuu !!! on adore vous lire, regarder ces magnifiques photos de la nature, c'est ma-gi-que! on pense fort à vous deux, et on vous suit de prêt, très prêt! et oui François,tu dois impérativement rattraper ton bronzage, ça va pas du tout ça! Quant à Cécile, toujours superbe tu es et rayonnante :) CONTINUEZ A FOND FOND FOND !!!à très vite et des gros bisous de la Tardé Family

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  7. magique c'est bien le mot! que de belles choses! c'est le REALITY SHOW 2009 a suivre impérativement!
    on ne s'en lasse pas ;on pense très fort a vous sous le soleil de Bayonne
    gros gros bisous paupau et kéké

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  8. ben les images oui et francois meme sans bonnet.. mais elle a retrouve milou.. meme que cette fois elle n'a pas afface l'adresse bon on attend les photo du machupichu

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  9. Super bonne suite a vous deux

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