mercredi 17 juin 2009

Une excursion dans la Cordillère Blanche.

En route direction Huàraz, ville névralgique de la Cordillère Blanche, rendez-vous des trekkeurs du globe ayant eu vent de l'existence d'un écrin montagneux protégeant un sommet beau comme un diamant...

Nous y débarquons aux aurores, après 8h de bus avec la compagnie CIAL, équivalent de Air France terrestre : ultra sécurisé, service aux petits oignons, hôtesse mégabonne. Le lendemain, premier jour de notre aventure, nous décollons en bus à 6h pour Caraz puis prenons un taxi collectif jusqu'à Cashapampa. A 10h, nous nous engageons dans la vallée que nous allons remonter pendant 17km, jusqu'au col de Punta Union cerné par les montagnes menaçantes qui la clôturent.

Sous la chaleur nous découvrons nos mollets et bras... La terrible erreur! Les moscas (petits moustiques voraces, attaquant en nombre avec la méthode flash-éclair) nous dévorent en 5 minutes nous laissant des boutons que nous gratterons pendant 5 jours.

Nos sacs sont trop lourds et nous coupent les épaules. Nous portons tout notre bardas plus les munitions alimentaires... Nous commençons à regretter l'économie d'un demi-tour qui nous aurait permis de laisser quelques affaires derrière nous.

Deux trekkeurs portant seulement quelques kilos sur le dos nous doublent en sifflottant... Ils sont suivis de trois mules, d'un cheval, d'un muletier, d'un guide et d'un cuisinier! Nous décidons de faire contre mauvaise fortune bon coeur et de tirer fierté de notre situation de randonneurs non-assistés.

Nous montons en transpirant les 700m de dénivellés s'étalant sur 10 km. Nous arrivons au campement, épuisés! Mais quand on est des warriors de l'extrême, même fatigués, on ne se repose pas : la nuit tombe vite et fraîche, nous devons monter le campement.



Notre menu sera des plus simples et des plus efficaces : l'Aligot, recette testée et approuvée. Le dessert? Que nenni! Au lit! Nous sommes inquiets concernants les températures nocturnes, aussi nous décidons de ne prendre aucuns risques.
Descriptif du mille-feuilles qui nous entoure : au sol, couverture thermique (dite de survie) puis la tente, puis re-couverture thermique, matelas de sol, deux chacun. Puis vient le duvet, le drap de soie, chaussettes pour tout le monde, collant de laine ou de lycra pour les filles, t-shirts techniques, pulls polaires pour les deux, bonnets enfilés et pulls en lama et deux couvertures en plus pour Cécile! Ouf!
Couchés et levés avec le soleil, 20h-6h. Nous nous réveillons bien vivants et pas transformés en Hibernatus.

Nous continuons l'ascension en pente douce de cette vallée, longeant quelques petites lagunes, traversant des marais. Nous croisons des troupeaux éparses de vaches maigres en nous disant qu'elles font leurs besoins trop près du cours d'eau que nous longeons et qui est notre réserve d'eau (rendue potable par des pastilles magiques).

Derrière les versants de notre vallée, nous devinons la présence de pics enneigés assurant la réputation de cette "Cordillère Blanche". Mais pour l'instant, rien n'est blanc, tout ce qui nous entoure est sec et rocailleux.
Arrive enfin l'heure du déjeuner : "Cécile, sors le saucisson et le pinard! Déballe la baguette et le calendos!", "Mais non François! Aujourd'hui c'est thon en boîte, fromage des Andes et pain rassi." Ce sera notre menu pendant quatre jours.

Une portion du chemin nous mène à un mirador d'où l'on peut admirer le joyau du massif : l'Alpamayo.
Tels des mulets devant une carotte, nous fondons sur la montagne comme du Mont d'Or chaud sur ses patates, sors le Ketchup et la Moutarde, alpa-Mayo nous voilà!..
"Petits gourmands prétencieux!" a dû se dire la Pachamama. Et le ciel s'est couvert de nuages opaques, le froid et le vent se sont levés prématurément... C'est loupé! Nous verrons quand même l'Alpamayo mais pas au mieux de sa forme... Et de dos. De dos? Eh oui, sur les brochures et dépliants, se dressait une fière montagne taillée comme un diamant et brillante de glace : le versant opposé au notre!

Ils ne disaient pas non plus que le diamant était certi avec plein d'autres pierres... Aussi, au détour du sentier et alors que nous maugerions contre la photo d'illustration, s'est dressé devant nous l'Artesonraju avec des pics crevant les nuages et des glaciers en équilibre.


Nous campons devant sa majesté qui nous fait l'honneur du spectacle d'une avalanche dégringolant le sommet de 6000m. La Pachamama poursuit sa malédiction et fait tomber la pluie toute la nuit. Le lendemain nous attend l'étape la plus dure, 15km et un col de 4750m à passer. Nous nous levons dans le froid, un peu en retard, gris comme le temps.

Puis comme un écho lointain nous entendons "Amigo! Amigo!".
Non, ce n'était pas la voix divine mais un guide péruvien resté à l'arrière de son expédition qui nous invite à finir des pancakes arrosés de sirop d'érable en nous réchauffant d'une tasse de café au lait. Une bénédiction!
Nous attaquons l'ascension le ventre chaud et bizzarrement, aujourd'hui nous ne sentons pas le poids de nos sacs. Nous doublons les assistés et crânons avec notre sang dopé aux globules rouges que nous cultivons depuis deux mois.
Nous montons, montons... Derrière nous, s'éttend toute la vallée, et enfin, nous percevons l'envers du décor, la face cachée de la montagne...

Nous découvrons une lagune couleur menthe glaciale abreuvée par les eaux du glacier. Les pics aiguisés comme des lames, pointus comme des couteaux, jouent à cache-cache avec le soleil...


Et enfin, nous passons le col.

De l'autre coté, il fait gris, nous n'essayons même pas de souffler sur les nuages en invoquant la Pachamama. Le chemin de la descente est intransigeant avec les chevilles, nous arrivons extenués au camp, 1500m plus bas. Cassés mais contents.


Enfin, nous avons entraperçu quelques sommets célèbrements pointus et entrevu un peu de la beauté majustueuse et inconnue de cette partie de la Cordillère. Il fallait mériter le spectacle et se hisser humblement aux pieds de ces géants de 6000m, à 4800m.

Où faire caca dans le parc a Huascaran?


Nous commencons notre dernier jour par tenter d'élucider le vol de notre couteau de poche. Qui, dans cet endroit reclu peut avoir commis ce crime? C'est un chien alléché par l'odeur du fromage. Au bout d'une demi-heure, nous abandonnons les recherches, pressés par le temps.

Nous devons arriver avant midi dans le petit village de Vaqueria pour pouvoir rejoindre la civilisation avant la nuit.
Nous traversons des pueblos de montagne où des enfants mutilés et pouilleux bondissent sur le chemin nous demandant des regalos. Nous qui venons de traverser des cartes postales avons oublié qu'elles pouvaient être habitées. La pauvreté nous saisit comme une évidence que nous avions laissé de coté.

Après trois heures d'attente à Vaqueria, un combi s'arrête enfin. Il charge les sacs sur le toit et nous propose les deux dernières places disponibles : une en appui sur l'arrière du siège de devant, c'est à dire la tête dans les genoux et une sur un tabouret en bois... Nous grimpons à la force du moteur un col très haut encadré par le Nevado Pisco et le Huascaràn, deux géants de plus de 6000m le dernier étant le plus haut du Pérou.


Nous nous engageons dans la petite entaille de la montagne, le col, et mama mia! En contre-bas des lacets se succèdent interminablement sur 2000m de dénivellés. Pas de parapets et des pics d'adrénaline à la hauteur de ce qui nous entoure.


Enfin arrivés à Yungay, nous abusons de la douche.

François se rend compte qu'une rando de quatre jours a fait fondre son corps et décide d'entamer un régime grosseur. Cécile, son coach -gourmand- en profite pour lui faire manger les gâteaux qu'elle s'interdit...


Le lendemain, autre départ, autre bus et même frayeur.
Nous dévalons le Cañon del Pato dans une course saccadée de coups de freins. Les parois de pierre sont lessivées et abruptes, en bas coule un petit torrent que l'on a du mal à imaginer être la cause de cette grande cicatrice ouverte.
La piste jongle entre les deux versants en empruntant des ponts de fer, serpente entre les tunnels que l'on croirait percés à coups de bus. Les roues passent une à une dans une ornière donnant sur le vide... François fait un tour de manège digne de cent Space Mountain.
Nous traversons une ville, Chimbote. Pauvre ville! Elle est moche, elle pue, on n'a qu'une seule envie une fois arrivés : en repartir.
Une usine de farine de poissons, aliment moderne pour vaches -nous ne savions pas que les bovins étaient amateurs de sushi en poudre- déverse dans l'air humide une épaisse fumée nauséabonde. Tout doit puer la morue ici, de la serviette de cuisine aux dessous affriolants.

Nous nous posons enfin, à Trujillo, dans l'hôtel Conde del Arce, vieille bâtisse coloniale qui a du avoir ses instants de gloire mais qui se fâne inexorablement sous les parures de plantes.


Dans une grande cour pavée de galets se découpent des carrés de terre où s'épanouissent des cactus et des fleurs fushias. Dans un coin, sous un auvent soutenu par de fines poutres en bois blanc, trône une télé branchée sur une rallonge qui se balance le long d'un mur autrefois ocre.

Un cocker monte la garde sur un fauteuil, préférant à ceux en rotins celui en cuir élimé. Deux enceintes énormes crachent en stéréo du Glenn Miller et d'autres tubes nord-américains des années cinquantes.
Nous sommes dans un décor de Kusturica, à l'abri de la cohue citadine dans une enclave surréaliste. BigBen nous réveille, immédiatement relayé par quelques notes de musique classique...


Nous prenons le temps.

Au revoir et à bientôt.

PS : Dans les journaux et chaînes locales, nous apprenons que 24 policiers se sont fait tuer par des "terroristes" en amazonie. Sur TV5monde, La chaîne francophone, nous apprenons que 24 policiers et 150 indiens revendiquant le droit à l'exploitation de leurs terres ont été tués.
C'est un exemple édifiant de la censure d'Etat, non?
Au fait, comment va la France vue de l'interieur?

6 commentaires:

  1. vamos alpamayo cashapampa pachamama...stop nous sommes essouflés ;le récit les photos l'altitude
    nous sommes à bout en plus nous avons vomi l'aligot
    cette "randonnée "nous a fait perdre quelques kg
    aussi précipitons nous sur le frigo !mmmmm une petite bouchée à la reine de chez Bellois +une petite paupiette faite maison un camenbert moulé à
    la louche une tarte aux fraises arrosé d'un St Emilion pardon les enfants!!! gros bisous mampap

    RépondreSupprimer
  2. ben ici c'est la retraite a 67 ans qui se prepare autrement ras.. tjrs sarko y en a qui ont de la chance d'avoir leur coach diabetique attend toujours le sien malgre les mails.......

    RépondreSupprimer
  3. alors les ramiers ! vous allez écrire quelques
    commentaires me dites pas que les vacances ont
    commencé il est indipensable de commenter ce grand
    roman "les amoureux de la Cordillère"
    un ami qui ne vous veut que du bien

    RépondreSupprimer
  4. Merci, "ami masqué qui nous veut du bien"... Un indice?
    Twofortrip

    RépondreSupprimer
  5. Comme vos aventures sont bien bien sportives et que j'ai pas envie d'avoir la honte quand vous allez rentrer avec vos beaux corps musclés et bah je me suis inscrite à la salle de sport(step, abdos-fessier,natation synchronisée...)et me suis même mise à écouter de la flûte de paon en mangeant du thon...et ouais maligne la meuf !

    RépondreSupprimer
  6. Watchaaaa !!!!!!!!!!!!
    Alors là vous êtes de vrais aventurieux de ouf dingo quoi ! Bravo ! Franki reprend des forces pour ne pas virer au vert :'( Cécile régles-toi aussi, les photos sont incroyables, on hallucine 4750 m d'altitude : nous ne dirons qu'un mot : vous pouvez être fiers de vous !!!!! Merci encore de partager avec nous, c'est magnifique, on kiffe! Encore !!!
    Et avec benj on adore le commentaire ci-dessus, trop drole Camille !
    Des bises les cocos d'Equateur... de la Tardé Family

    RépondreSupprimer